Journée Nationale de Prévention du Suicide des Jeunes 2024

Sourire de Reda porte sur la place publique son « Plaidoyer pour la prévention du suicide des jeunes au Maroc »

Alors que le 5 février remet la problématique de la souffrance et du suicide des jeunes au cœur de l’actualité à l’occasion de la Journée Nationale de Prévention, l’association Sourire de Reda rappelle que, selon l’organisation mondiale de la santé, le suicide reste la deuxième cause de mortalité des jeunes dans le monde* et que 23,42% des jeunes Marocains sont identifiés comme étant à risque suicidaire**.

Engagé depuis 14 ans dans la prévention du suicide, Sourire de Reda soutient activement la Stratégie Nationale de Prévention du Suicide élaborée en 2020. L’association poursuit sa mission de sensibilisation afin de contribuer à accélérer la mise en œuvre d’actions tangibles en lançant son « Plaidoyer pour la prévention du suicide des jeunes au Maroc ». A travers sa démarche toujours mobilisatrice et sous le message « Agir ensemble pour sauver des vies », le Plaidoyer de Sourire de Reda en appelle à une collaboration générale entre ministères, hôpitaux, écoles, médias et société civile autour d’une série de préconisations clés.

« Depuis que nous avons commencé notre combat, beaucoup de choses ont évolué », témoigne Meryeme Bouzidi Laraki, Présidente de Sourire de Reda. « Nous avons dépassé le stade du tabou et réussi à porter cette problématique difficile sur la place publique et nous avons constaté, ces dernières années, une réelle volonté de la part des pouvoirs publics pour prendre le problème à bras le corps dans une démarche volontariste de remédiation. Cependant, pour nous qui sommes en prise quotidienne avec le sujet et qui voyons des drames se succéder, les choses ne vont pas assez vite. Nous sommes donc dans notre double rôle de lanceur d’alerte et d’acteur de terrain pour, une fois encore, appeler à une meilleure coopération de toutes les parties prenantes, décideurs institutionnels, leaders d’opinion et société civile. C’est l’objectif de ce Plaidoyer qui se veut pragmatique et concret. »

Neuf propositions complémentaires sont donc mises en avant. Elles sont nées d’une expertise de terrain avérée au Maroc et capitalisent sur les meilleures expériences à l’international visant à permettre une réelle prise en charge tout au long de la chaine de prévention, d’intervention et de postvention.

Préconisation n°1 : la nécessité d’un Observatoire National

Sourire de Reda plaide pour la création d’une autorité de veille et de conseil qui regroupe et analyse des données épidémiologiques et cliniques au niveau du pays. Celles-ci permettront non seulement d’évaluer l’ampleur de la situation, mais également d’adapter les plans d’action en matière de prévention du suicide.

Préconisation n°2 : la facilitation de l’accès aux soins de santé mentale

Il est nécessaire de faciliter l’accès aux soins de santé mentale en renforçant les infrastructures existantes et en développant de nouveaux services dédiés tels que des centres de crise suicidaire. Cela contribuera à une prise en charge plus rapide et efficace des jeunes en détresse.

Préconisation n°3 : la formation des intervenants et des professionnels

Assurer une formation pointue aux professionnels de santé, aux éducateurs, aux travailleurs sociaux et aux intervenants de première ligne permettra de constituer un réseau apte à détecter les signes précoces de détresse chez les jeunes et en capacité d’agir pour éviter les passages à l’acte.

Préconisation n°4 : la création de lignes d’assistance et de soutien

Sourire de Reda offre aujourd’hui au Maroc la seule « helpline » anonyme, gratuite et confidentielle pour les jeunes en souffrance et à risque suicidaire (Stop Silence). Cette ligne de soutien émotionnel doit être renforcée grâce au recrutement et à la formation d’un plus grand nombre d’écoutants. L’association milite aussi pour que des lignes d’écoute à destination des adultes soient créées.

Préconisation n°5 : l’intégration de la prévention du suicide dans les programmes universitaires

Sourire de Reda préconise d’intégrer dans les cursus universitaires des programmes pédagogiques sur la prévention du suicide. L’objectif est de sensibiliser les étudiants mais aussi de les former sur les signes précurseurs, les premiers secours à apporter et les dispositifs de soutien disponibles. C’est aussi le moyen de favoriser un environnement dans lequel ils pourront exprimer leurs émotions et, si besoin, chercher de l’aide, pour eux-mêmes ou pour autrui, sans crainte d’être jugés.

Préconisation n°6 : l’inclusion de la voix des jeunes

Forte de son expérience de sensibilisation par les pairs menée depuis des années sous la forme d’un comité de jeunes, Sourire de Reda recommande d’intégrer systématiquement les jeunes dans l’élaboration et la mise en œuvre des dispositifs de prévention. Leur point de vue peut guider la conception de programmes qui seront à la fois plus pertinents et plus efficaces car mieux adaptés à leurs spécificités.

Préconisation n°7 : le soutien aux familles endeuillées par suicide

Les familles touchées par un suicide sont fragilisées. Afin de prévenir d’autres drames, elles doivent être soutenues par un protocole encadré de postvention qui les accompagnera dans leur deuil et leurs questionnements.

Préconisation n°8 : la sensibilisation des médias

Les médias ont un rôle d’alerte, de mobilisation sociale et de sensibilisation. Ils peuvent aussi contribuer à la prévention du suicide, en veillant notamment au choix des mots et des visuels utilisés. Ainsi par exemple, l’OMS recommande d’éviter tout sensationnalisme, d’être respectueux vis-à-vis des familles endeuillées, de ne jamais décrire la méthode employée, de ne pas publier d’images « choc » et de toujours donner des informations sur les ressources d’aides locales***.

Préconisation n°9 : la diffusion annuelle de campagnes de sensibilisation nationales

Les campagnes nationales visent à sensibiliser un large public tout en favorisant une compréhension plus profonde de ce sujet au niveau national. Elles permettent également de lutter contre les idées fausses et contribuent à la déstigmatisation des personnes ayant des idées ou des comportements suicidaires.

Comme l’affirme l’Organisation Mondiale de la Santé, le suicide est une cause de décès évitable. Alors n’attendons pas pour agir ! Ensemble avec Sourire de Reda.